Raymond Capodanno
Dans les services de l’automobile, la location de courte durée est l’une des activités les plus secouées par la crise due au Covid-19. La forte baisse du tourisme frappe durement depuis la mi-mars. Les agences de location de voitures ne peuvent se rattraper sur la clientèle d’entreprises ou bien celle des particuliers, qui elle aussi, en diminuant ses déplacements, a déserté les agences. Et depuis fin octobre le reconfinement est « une nouvelle épreuve » pour les loueurs selon le président* du métier de la mobilité partagée au sein du CNPA**.
Raymond Capodanno a répondu à nos questions. Il est DSC et représentant CFTC au comité central d’entreprise Avis-Budget.
Quelle est la situation chez Avis Budget depuis le début de la crise du Covid-19 ?
Raymond Capodanno : La situation n’est pas facile. Depuis le début de la crise, 310 personnes ont quitté l’entreprise, soit volontairement soit suite à un licenciement. Avec la perte quasi-totale d’activité dans les aéroports, il a fallu proposer aux salariés du travail dans des petites agences plus éloignées, comme des gares (parfois à 2 heures de route de leur ancienne agence), où ils devaient avoir beaucoup de polyvalence (à la fois la préparation des véhicules, l’accueil etc.) : certains sont donc partis d’eux-mêmes. D’autant qu’avec la disparition des primes individuelles liée à la diminution du chiffre d’affaires, ils ont vu leurs salaires diminuer considérablement.
Un certain nombre d’agences qui avaient fermé pendant la crise ont réouvert mais l’activité a bien diminué. Même si la rentrée a bénéficié d’une reprise bénéfique, fin septembre notre activité est restée inférieure de 45% par rapport à ce qu’elle était en 2019. Nous avons 700 personnes qui travaillent, mais 400 autres sont encore en chômage partiel.
Quelles sont les personnes qui travaillent ?
Au départ c’était sur la base du volontariat. Maintenant ce sont surtout les personnes qui, selon la direction, sont considérées comme le plus utiles, dans les agences où il y a encore un passage de la clientèle, notamment dans les gares.
Avec les nouvelles mesures sanitaires annoncées, la reprise de l’activité est-elle compromise ?
Non seulement les règles sanitaires sont redevenues draconiennes, mais de nouvelles décisions ont été prises par la direction : nous n’avons plus que trois personnes dans chaque agence ouverte : un agent de comptoir, un réparateur et le responsable de l’agence. C’est clair, les clients sont peu nombreux actuellement.
Lors du dernier CSE, le 28 octobre, la direction a déclaré que des agences allaient fermer, faute d’activité. Un retour à la normale, nous dit-on, ne serait pas attendu avant 2023
Dans ce contexte de crise, craignez-vous des licenciements ?
La réduction des effectifs devrait se poursuivre. Effectivement, nous nous attendons à un PSE courant 2021 mais nous ignorons combien de salariés seront concernés. Et puis nous redoutons également que l’actionnaire majoritaire du groupe se désengage.
Le 31 décembre, ce sera la fin de la prise en charge par l’Etat du chômage partiel. La direction semble vouloir négocier pour la suite un accord concernant une Activité partielle de longue durée (APLD).
Dans l’interview mise en ligne le 23 avril dernier sur le site fédéral, vous disiez pourtant « vouloir tout faire pour éviter un PSE » ?
J’avais proposé en effet à la direction la négociation d’un accord dans le but de préserver le maximum d’emplois pendant cette période. Mais malheureusement les autres organisations syndicales n’ont pas approuvé cette démarche.
Comment les salariés vivent-ils la situation ?
Ils ont peur de perdre leur emploi. Sauf peut-être les jeunes qui ont moins d’appréhension car ils n’ont pas la même vision et préfèrent souvent partir.
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*Interview de Jean-Philippe Doyen dans la Tribune le 6 novembre 2020 : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/tourisme-loisirs/reconfinement-c-est-une-nouvelle-epreuve-pour-les-loueurs-de-courte-duree-jean-philippe-doyen-861648.html
** CNPA : Conseil National des Professions de l’Automobile