17 février 2022 : pour le quatrième jeudi consécutif, les salariés du Groupe Thales se mobilisent dans de nombreux sites répartis sur tout le territoire français pour obtenir une meilleure politique salariale, suite aux excellents résultats enregistrés en 2021.
C’est un mouvement social plutôt inhabituel dans ce groupe spécialisé dans l’aérospatial, la défense, la sécurité et le transport terrestre. En pleine période de Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) que les salariés jugent insuffisantes, il prend une ampleur que l’on n’avait pas vue depuis longtemps.
C’est aussi la première fois, souligne Véronique Michaut, coordinatrice inter-centre CFTC, qu’une plateforme commune de revendications a été mise au point depuis le début du mouvement par les 4 organisations représentatives du groupe (CFTC,CFE-CGC,CFDT,CGT).
« Sur le site de Laval (Mayenne), explique Stéphane Cadoret, représentant CFTC, nous sommes derrière notre inter-centre CFTC. Notre mobilisation est montée crescendo au cours de ce que nous avons appelé « les jeudis de la colère ».
Sur les quelques 350 salariés que compte le site (parmi lesquels des intérimaires), « la moitié des salariés nous soutient et nous encourage ». En 2020 les salariés ont accepté de faire des sacrifices au nom de la crise Covid : beaucoup n’ont pas bénéficié d’augmentation et pour les autres, la dernière augmentation de juillet 2021 avait été minime et non rétroactive au 1er janvier 2021, ce qui avait toujours été en usage dans le groupe jusque-là : bilan : au pire 0% au mieux ½ augmentation très modérée.
Alors que de très bons résultats ont été annoncés par le PDG dès le mois de septembre 2021 et que les actionnaires ont reçu des acomptes sur les dividendes, les salariés demandent une politique salariale à la hauteur de cette réussite économique, de leur implication et également de l’inflation qui entrave leur pouvoir d’achat.
A Laval comme à Brest, Orléans, Cholet, Rungis, Rouen, Limours, Elancourt, Vélizy, Mérignac, Nice etc…, la CFTC est présente tous les jeudis aux côtés des autres organisations syndicales pour engager le dialogue avec les salariés, tandis que des AG, des débrayages voire des barrages filtrants, ont été organisés.
Objectif : faire entendre leurs revendications, en l’occurrence des augmentations qui tiennent compte de l’inflation, soit au moins 4% de hausse et une rétroactivité au 1er janvier 2022 (et non au 1er juillet comme le voudrait la direction). Autre demande : aucune augmentation individuelle inférieure à 2%.
Blocage des négociations depuis 4 semaines
Or, pour le moment du côté de la Direction, tout semble bloqué. Les réunions avec les partenaires sociaux n’ont pas repris depuis près d’un mois.
« Le groupe annoncera de très bons résultats au mois de mars, estime Véronique Michaut : il a donc largement les moyens de faire un geste envers les salariés ».
C’est pourquoi les organisations syndicales ont décidé d’organiser un « jeudi noir » sur les sites le 17 février : avec installation d’un barnum devant les grilles, petits déjeuners avec les salariés, distribution de tracts et de badges etc. et même blocage de certains sites pendant plusieurs heures.
A Fleury-les-Aubrais (Loiret), près d’Orléans, le mouvement est également bien suivi tous les jeudis. « Des efforts ont été demandés aux salariés au plus fort de la crise liée à la pandémie pour éviter des licenciements, à une époque où les avions ne volaient plus, confie Thierry Legrand, représentant CFTC : par exemple l’APLD, ainsi que des augmentations salariales limitées qui n’avaient pas d’effet rétroactif au 1er janvier. Or, aujourd’hui, la situation a changé, par exemple chez Dassault qui vient de remporter des commandes de Rafale en Indonésie… « tous ces bons résultats ont des retombées pour Thales : dans notre GBU « Thales LAS France »* qui compte 9 sites en France, nous avons en effet 3 ans et demi de carnet de commandes en magasin ! ».
Après deux années d’efforts, et alors que finalement on manque de bras pour mener à bien certains projets, que certains toujours plus nombreux préfèrent quitter le Groupe pour trouver des rémunérations meilleures, le mécontentement des salariés est à son comble !
Un possible premier pas vers une sortie de crise le 18 février ?
Au soir du 17 février, alors que les actions de mobilisation partout en France, et parfois conjointement avec des salariés de Dassault, ont été bien suivies et assez fréquemment couvertes par les presses locales, et alors que la pétition sur internet dépasse les 5 000 signatures et continue à croître, la direction du groupe annonce une réunion le 18 février matin avec les 4 organisations syndicales du Groupe, dont bien sûr la CFTC.
A suivre !
*Global Business Unit (GBU) Thales LAS France : GBU LAS (Land and Air Systems) spécialisée dans le contrôle et la surveillance des espaces aériens civils et militaires . C’est la partie française de l’activité de Thales dans le domaine « Land and Air Systems », née par fusion des six anciennes sociétés du groupe : Thales Air Systems SAS, TDA Armements SAS, Thales Air Operations SAS, Thales Angénieux SAS, Thales Cryogénie SAS et Thales Optronique SAS.
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Photos : les “jeudis de la colère” avec la CFTC
Le 17 février à Laval :
Ci-dessous à Vélizy le 17 février